dimanche 17 novembre 2013

Entrevue de type taverne avec François Parisien alias The Tank.

Comme plusieurs le savent, "THE TANK" vient d'accrocher ses guidons du cyclisme pro.  Deux québécois en une inter-saison. L'autre, si vous étiez sur Mars cet automne, étant David Veilleux.

Portrait atypique de François Parisien:

L'âge où t'as commencé à biker ? En 1995, j'étais minime et je me rappel m’être fait larguer par des filles du club! 

Pourquoi le bike ? Au départ je jouais au soccer. Je n’étais pas très grand et je commençais à me faire "bardasser" pas mal… Au même moment j'ai rencontré un jeune qui faisait du vélo avec son père. Ils m’ont invité à aller voir une course, le critérium de Brossard. Je suis tombé en amour avec le vélo à ce moment. 

Avec quel vélo ? Je ne me rappel pas de la marque de mon premier vélo. C'est le club Optimum qui me la prêté. Comme j'étais petit, la machine avait une petite roue à l'avant. J'étais constamment en position de contre la montre ! 

Ta première victoire ? C'est fou je ne me rappel même pas de ma première victoire ! Je me rappel de mon premier podium, c'était au contre la montre du Grand Prix de Beauport lorsque j'étais cadet. J'avais fini deuxième et certaines personnes croyaient que les commissaires s'étaient trompés de 1 min en m'interchangeant avec un autre coureur dans leur calcul.

Un entraînement que tu vas te souvenir même si t'as l'Alzheimer ?  En fait, plusieurs, mais toujours sur le circuit mythique de la boucle de Jay Peak. Hey les gars on va tu faire Jay? Bromont-Jay Peak-Bromont. Exactement 150km porte à porte. Le record absolu est de 4h28 minutes avec Dominique Rollin et Martin Gilbert. Mon record de la longue monté en faux plat de Jay est de 24min21 pour 12km. En compagnie de Bruno Langlois. Ce qui m'avait donné 384 watts de moyenne. (Note de l’auteur : faites-moi penser de ne pas rouler avec Bruno lorsqu’il descend à Rimouski…)

Le cycliste de classe mondiale qui te fait sentir groupie ? Dan Martin, le voir gagner Liège-Bastonne-Liège était pour moi la confirmation que le cyclisme commence à vraiment changer.

Pourquoi ne pas se doper un peu et faire plus de cash ? Simplement parce que ça n'a jamais été dans mes valeurs et que je n'ai jamais fait de bike pour le cash. En huit années professionnelles, de 2006 à 2013, ma moyenne salariale a été de 41 875$. À noter que je n'ai jamais pu obtenir le Brevet Or de Sport Canada. 

Un cri d'un fan qui t'a vraiment encouragé, à part "let's go t'es capable !": GO FRANK THE TANK !!! Ce surnom vient de mon passage chez Symmetrics, parce que dans le temps… je ne donnais pas trop ma place, disons !

Ta plus grosse bonk (traduction : la fois où je me suis solidement placé dans le trouble) ? Lorsque j'étais junior, en Virginie lors d'un camp du groupe Centrifuge. On jouait à " t'es pas game d'aller à…". Avec Pierre-Olivier Boily et Martin Gilbert. Le premier qui choke perd. Je ne me rappel plus qui à perdu, mais il faisait noir… En fait, à la fin, nous avions tous perdu ! Haha ! 

C'tu vrai que les pros ont de la misère à faire des enfants parce qu'ils chauffent trop leurs bijoux de famille ? Faux. (Note de l’auteur : J'le savais…)

Le nombre max de bidons que t'as déjà remonté pour tes équipiers (en une fois):  En comptant les deux sur mon vélo, 12.

Ton plus gros volume d'heures sur le bike ? Au Mexique, après une course de 215 km, l'hôtel était supposé être à 1,5km. On y est donc allé en vélo. Ça nous à donné un total de 8h…(Note de l’auteur : Au Mexique, sauf si ta tête est mise à prix, tout semble passer lentement…)

La course que t'aimais le plus : Amstel Gold race. Je ne vais jamais l'oublier.

La course que t'aimais le moins : Cette année, la Ronde Van Vlaanderen. Hollande, section pavé en roches de rivière, 200 km, 2 degrés, vent de 30-40 km/h et trombe de pluie sans arrêt.

Un regret : Je referais le tout de la même façon, mais avec plus d'expérience.

Ton exploit : Ma victoire sur le World Tour cette année. (Note de l’auteur :))

Une fierté : Avoir été franc et transparent, dire ce que je pense vraiment et l'assumer.

Une frustration : M'être fait voler ma place pour les Jeux…

Une idée du salaire pour un coureur de ton niveau, sans être précis, disons entre x et x $ ? Un coureur Français dans une équipe Française, 150 000 - 200 000 Euro. 

Une idée du salaire du leader d'une équipe pro-tour ?  Je pense que Kittel devrais faire plus de 1 million d'euros l'an prochain. Un leader fait assurément plus de 500 000 euro en salaire brut. 

Un stress pour ton avenir ? Mis à part celui de réorienter ma vie sur quelque chose de nouveau, non.

Des enfants bientôt ? Non, pas tout de suite. Je dois trouver une stabilité de travail avant.

Vas-tu compétitionner au Québec dans les prochaines années ? Oui bien sûr. Les courses au Québec, les Mardis Lachine, Championnats québécois, peut- être les canadiens. Peut être Maitre "A", qu'est ce que tu en penses? Haha ! (Note de l’auteur : Lâcher la télé pis sortir dehors s’entraîner ça presse…ha pis non, chu maître B...)

Les animateurs télé devraient-ils parler de dopage pendant les reportages de compés de vélos ? Oui, si le moment s'y prête. Je pense que les gens doivent savoir qui a triché afin d'encourager ceux qui on fait le bon choix. (Note de l’auteur : Thumbs up, Like, Partage, bref…pense que vous avez compris…)

Un québécois qui se tape des descentes de cols en peloton pro en Europe, est-ce qu'il est dans le trouble ? Non, on est bon dans les changements de trajectoire. Tu sais avec tous les trous sur la route… 

Les autres européens savent-ils que t'es québécois ? Oui, définitivement. On est trop différent pour passer inaperçu !

Une remarque d'un adversaire qui t'as surpris : "Champion de merde". En 2005, après ma victoire des championnats canadiens j'étais de retour en France dans mon équipe amateur. Je défendais le maillot jaune de Jean-François Laroche lors du Tour de la Porte Océane. Un coureur d'une équipe adverse était plutôt énervé de notre contrôle de la course. Jean-François avait alors gagné de façon dramatique après une chute, passant la ligne d'arrivée en sang!

Ton record de vitesse en derrière moto : 110km/h en derrière voiture au championnat du monde de Valkenburg en 2012. Après une chute pour revenir au peloton. Georg Fraser conduisait. Sérieux pilote!

Est-ce qu'il y a des groupies filles lors des courses pro, genre, comme au centre Bell ? Non vraiment pas, du moins pas autour de moi ! (Note de l’auteur : (…) Ha pis laissez faire…)

Horaire journalier typique d'un pro? Pendant un gros bloc d'entrainement, mis à part mes 9h de sommeil, tout est orienté sur mon entrainement. Étirement, massage, exercice de stabilisation, nutrition, entretien du vélo. 

Es-tu tanné des pâtes ? Je n'en mange pratiquement jamais. De plus, en course je favorise toujours le riz. 

Combien de livres tu penses reprendre d'ici 1 an ? Max 5 livres. Je ne te garanti pas le pourcentage de gras par contre!

Pire condition climatique ever dans une course : En 2005 j'ai fait une crise d'hypothermie lors de la première étape d'un tour. J'ai ralenti, tombé sur le coté en faisant des convulsions et je suis rentré en ambulance. Il restait 10km. 

Pire condition climatique ever dans un training : Je me suis sérieusement gelé les pieds lorsque j'étais cadet pendant d'un entrainement hivernal en MTB. Depuis j'ai le pied gauche qui gèle vraiment rapidement. (Note de l’auteur : En ski de fond, une fois, j’ai eu comme froid là là, sur le manche à balai, tsé, faque ton pied…)

La fois où tu voulais brailler et te mettre en boule dans un coin avec le pouce dans la bouche ? Je l'ai fait lors de ma dépression début 2012. (Note de l’auteur : Ta yeule l’auteur.)

La pire chute que t'as été témoin :  Lors du Tour du Portugal. Un coureur a frappé un spectateur âgé sur le bord de la route. On a appris le soir que l'homme avait succombé à ses blessures.

Le meilleur directeur sportif :  En Europe, Addy Engels. Il ma beaucoup aidé dans ma prise de décision de retraite. Aux USA, Marc Walters. 

Parmi toutes les personnes qui ont pu avoir une influence sur ta carrière, en dehors de tes parents, qui a eu la plus forte influence ? Paulo Saldana. Je lui dois en partie ma sortie de dépression et une année sur le Pro Tour.

Encore une fois, bravo pour ta carrière. J'ai souvent trouvé qu'elle passait "sous le radar" médiatique mais les cyclistes québécois savent très bien qu'un gars comme toi, avec entre autres les Rollin, Dionne et évidemment Veilleux ont certainement aidé à placer le cyclisme québécois sur la scène américaine et européenne.

Merci beaucoup, c'est grandement apprécié. Sache que je ne disparaîtrai pas, j'ai l'intention de rester dans le domaine du vélo et on risque fort de se reparler !

Merci beaucoup, François "The Tank" Parisien !!!

5 commentaires:

  1. Si les catégories sont révisées pour 2014 selon le niveau, tu rouleras dans la même catégorie que Parisien... Sors dehors t'entraîner ça presse !

    RépondreSupprimer
  2. By the way, enlève donc ton petit machin anti-robot ;-) histoire de laisser des commentaires plus facilement...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Done ! Je ne savais pas que j'avais cette sécurité !

      Supprimer
  3. Pour ajouter un commentaire, cliquez sur compte google ci-bas, recliquez sur anonyme. Signez vos initiales ou votre nom dans votre commentaire si vous ne voulez pas être anonyme.

    RépondreSupprimer
  4. Super entrevu, La plus intéressante et vrai que j'ai lu de la retraite de Frank, merci J-S toi ta tout compris..... Bien sur un boy de ma génération qui fait du Bike depuis presqu'aussi longtemps que moi ... Oufff 30 ans pour ma part déjà !!!
    Bref bravo pour cette entrevu qui ma bien fait rire et fortement apprécier de mon bon vieux chum Frank ...! Merci les boys.
    Seb pilotte exilé au pays du soleil levant !!!

    RépondreSupprimer